FRANCE 5 (2011)
Dans la collection "Un film et son époque", ce documentaire (2011) retrace l'aventure en 52 mn du célèbre film du Splendid réalisé par Jean Marie Poiré sorti sur les écrans en 1982.
Entretiens avec:
Josiane Balasko
Christian Clavier
Gérard Jugnot
Marie Anne Cazel
Thierry Lhermitte
Bruno Moynot
Jean Marie Poiré
Martin Hirsch
Olivier Mongin
TELEOBS : IL ETAIT UNE FOIS un film », la série documentaire de Marie Genin et Serge July, explore le cinéma dans ses grandes largeurs... Ses grandes largeurs d'esprit. L'un de ses charmes est sa liberté. Les producteurs ne se préoccupent jamais de hiérarchiser les genres. Leur idée, c'est de revenir sur la naissance d'un film en le replaçant dans le courant de l'Histoire, et les bons films étant ceux qui témoignent le plus de leur temps, on trouve, dans cette collection, au moins autant de comédies et de satires que d ' oeuvres ayant ambitionné la palme d'or. Mais c'est la première fois, sans doute, qu'on étudie de façon aussi fouillée « Le Père Noël est une ordure », film tellement irrespectueux et drôle qu'il bat des records d'audience à chacun de ses nombreux passages à la télévision, mais qui possède par ailleurs une richesse documentaire considérable.
On rit de tout, en effet, dans « Le Père Noël est une ordure », et en particulier des effets d'une crise économique qui n a cessé de s'amplifier depuis. On se moque des pauvres, des suicidaires, des transsexuels, des femmes battues. On y raille aussi des valeurs qui, à l'époque, pouvaient paraître d'un autre âge, comme cette charité très Madame Boucicaut, et dont on n'oserait probablement plus se gausser aujourd'hui tant elle constitue l'un des derniers parachutes sociaux. Martin Hirsch et le sociologue Olivier Mongin fournissent à Daniel Ablin, réalisateur du documentaire, des témoignages plus nuancés que le film, lequel reste d'ailleurs une exception à l'italienne dans le tableau d'un cinéma français généralement moins prompt à démolir les idées dominantes. Lhermitte, Balasko, Chazel, Clavier, Moynot et Jugnot voient leur oeuvre comme une simple farce, mais leur brûlot anti-bénévolat respire un esprit de solidarité railleuse qu'on retrouvait à la même époque dans la vie et l ' oeuvre de Coluche. Aujourd'hui, on supporterait moins l'irrespect ravageur de ce film. Nous respectons enfin les minorités. Traitons-nous mieux les pauvres pour autant ? - Alain Riou
Production : Folamour et Ina
Producteur : Marie Genin (Folamour) / Christiane Grazziani (Ina)
Directeur de collection : Antoine de Gaudemar
Directeur de production : Damien Maura
Assistante de production : Marlène Dionnet
Réalisation : Daniel Ablin
Dop : Doumé Delapierre, Hervé Lodé, Guillaume Tunzini
Ingé son : Joel Flescher, Thierry Blandin et Léonard Giulianelli
Montage : Laurent Pineau.
Archives : Dyvia Babecof
Étalonnage : Jean Ousmane @ Digital
Mixage : @ Ina
"« IL ETAIT UNE FOIS un film », la série documentaire de Marie Genin et Serge July, explore le cinéma dans ses grandes largeurs... Ses grandes largeurs d'esprit. L'un de ses charmes est sa liberté. Les producteurs ne se préoccupent jamais de hiérarchiser les genres. Leur idée, c'est de revenir sur la naissance d'un film en le replaçant dans le courant de l'Histoire, et les bons films étant ceux qui témoignent le plus de leur temps, on trouve, dans cette collection, au moins autant de comédies et de satires que d ' oeuvres ayant ambitionné la palme d'or. Mais c'est la première fois, sans doute, qu'on étudie de façon aussi fouillée « Le Père Noël est une ordure », film tellement irrespectueux et drôle qu'il bat des records d'audience à chacun de ses nombreux passages à la télévision, mais qui possède par ailleurs une richesse documentaire considérable.
On rit de tout, en effet, dans « Le Père Noël est une ordure », et en particulier des effets d'une crise économique qui n a cessé de s'amplifier depuis. On se moque des pauvres, des suicidaires, des transsexuels, des femmes battues. On y raille aussi des valeurs qui, à l'époque, pouvaient paraître d'un autre âge, comme cette charité très Madame Boucicaut, et dont on n'oserait probablement plus se gausser aujourd'hui tant elle constitue l'un des derniers parachutes sociaux. Martin Hirsch et le sociologue Olivier Mongin fournissent à Daniel Ablin, réalisateur du documentaire, des témoignages plus nuancés que le film, lequel reste d'ailleurs une exception à l'italienne dans le tableau d'un cinéma français généralement moins prompt à démolir les idées dominantes. Lhermitte, Balasko, Chazel, Clavier, Moynot et Jugnot voient leur oeuvre comme une simple farce, mais leur brûlot anti-bénévolat respire un esprit de solidarité railleuse qu'on retrouvait à la même époque dans la vie et l ' oeuvre de Coluche. Aujourd'hui, on supporterait moins l'irrespect ravageur de ce film. Nous respectons enfin les minorités. Traitons-nous mieux les pauvres pour autant ?
Alain Riou / TéléObs